LOHENGRIN A AMSTERDAM

Quand nous avons vu la distribution du Lohengrin qui serait donné à Amsterdam, nous avons immédiatement décidé d'aller voir cette production, profitant ainsi de cette belle occasion pour découvrir un lieu que nous ne connaissions pas. Et nous avons été enchantés de la ville et de la représentation de Lohengrin.

Lorsqu'on arrive à Amsterdam, on est frappé par le mélange harmonieux d'une ville à la fois animée et paisible. C'est le paradis des vélos qui foisonnent mais aussi des piétons. Quel plaisir de circuler à travers les petites rues ou au bord des canaux sans avoir à se soucier des voitures et d'en ressentir les effluves. A chaque détour de rue, un nouveau paysage. Le long des canaux, de belles maisons colorées et amusantes avec leurs façades découpées, parfois très étroites et collées les unes aux autres. Et dans les rues avoisinantes, une multitudes de petites boutiques, de cafés, de restaurants... Je recommande à ceux qui ne connaissent pas cette belle ville d'aller y faire un tour car elle en vaut vraiment la peine.

Si Wagner n'a pas sa place ici, d'autre artistes y sont bien représentés tel que Rembrandt qui y a sa maison, transformée en musée, mais aussi un monument très important. Dans sa maison, très colorée, on peut voir de nombreux dessins, tableaux... et des objets divers que collectionnait le peintre et qu'il rapportait de ses voyages. Ci-dessous à gauche, la maison de l'artiste et à droite la place portant son nom avec, devant le monument, les personnages que l'on retrouve dans son célèbre tableau "La ronde de nuit".

Pascal Bouteldja (notre vice-président) nous ayant signalé qu'à l'hôtel Sofitel, se trouvait un bar appelé "Flying Dutchman" (le Hollandais Volant), nous avons voulu aller voir si l'on y trouverait un petit souvenir wagnérien tel qu'un buste ou une image. Mais rien d'autre qu'un tableau représentant un vaisseau fantôme ! C'est en fait un nom assez répandu en Hollande et d'autres établissements portent ce nom de "Flying Dutchman" ou "Vliegende Hollander"

Si Wagner est absent d'Amsterdam, Liszt y a une plaque à son effigie sur le devant de l'église de Moïse et Aaron rappelant que sa messe de Gran y fut exécutée en avril 1866 pendant une série de concerts qu'il était venu donner à Amsterdam.

 

Quand on parle d'Amsterdam, il faudrait évoquer ses célèbres musées Van Gogh et Rijksmuseum mais ce n'est pas mon propos et je vais plutôt vous entretenir de ce Lohengrin assez exceptionnel que nous avons eu la chance d'entendre.

L'Opéra est un bâtiment moderne, avec une façade en forme de rotonde, situé au bord de l'eau. Il est très beau la nuit car tout illuminé.

 L'intérieur est également très agréable avec une vaste salle aux fauteuils rouges et des dégagements et foyers recouverts de moquette rose....  Mais venons-en à ce Lohengrin qui fut certainement un des plus beaux vocalement que nous ayons entendus. 

Tous les chanteurs étaient excellents et s'étaient totalement investis dans leurs rôles. Nikolai Schukoff n'a pas un physique très héroïque mais sa voix puissante et claire, sans aucune défaillance, en a fait un Lohengrin très convaincant même s'il était affublé d'un costume qui le desservait parfois, notamment au troisième acte où il dut chanter presque torse nu avec juste une large ceinture sur son pantalon façon ceinture Gibaud. Il faut dire que la mise en scène était placée sous le signe d'un mysticisme extrème-oriental assez malvenu et que les costumes et accessoires étaient en accord avec ce choix. Rien de dérangeant cependant à l'exception du cygne représenté par un amas de rames de bateau ficelées ensemble !  Les épées, elles, étaient transformées en bâtons : un large et solide pour Telramund et un long et fin pour Lohengrin. Les décors étaient très sobres et les scènes respectées dans leur conception. L'Elsa de Juliane Banse, à la voix fraîche mais ample et puissante, fut remarquable et le duo du troisième acte fut d'une grande force émotionnelle. Le duo Telramund-Ortrud de Evgeny Nikitin et Michaela Schuster fut également éclatant de force, de puissance mais aussi un peu effrayant tant les chanteurs s'étaient identifiés aux personnages. Bras nus et chemise ouverte, les bras et le torse recouverts de ses tatouages, Evgeny Nikitin fit une belle démonstration de ses qualités vocales et scéniques. Si l'on devait trouver un tout petit bémol à cette distribution éclatante, ce serait pour Michaela Schuster. Sa belle voix puissante au timbre chaud manque cependant un peu d'aigus et pour ce rôle d'Ortrud elle n'a pas, dans certains passages, les capacités d'une véritable soprano dramatique. Quant à Günther Groissböck, il fut lui aussi, et malgré un costume pas très seyant, un magnifique roi Henri. Le héraut de Bastiaan Everink ne démérita pas non plus et, perché sur des petites échasses afin de dominer tout le monde, il interpréta magnifiquement son rôle. Le chef, Marc Albrecht, à la tête d'un orchestre excellent, sut donner à cet ensemble une unité et une cohésion parfaite à laquelle s'ajoutèrent les choeurs magnifiques de Ching-Lien Wu. Une production comme on voudrait en entendre souvent. 

De gauche à droite : Ortrud, le chef d'orchestre, Lohengrin et Elsa

Elsa et Telramund et à droite l'ensemble final 

Quand on va a Amsterdam, on est tenté d'aller au Concert Gebouw, reconnu par tous comme une des meilleures salle de concert au monde. C'est donc ce que nous avons fait afin de découvrir ce lieu. Le bâtiment, situé devant l'esplanade où se trouvent aussi les deux grands musées, est assez beau. L'intérieur est très agréable avec un fond de scène en demi-cercle et un orgue en son centre. La salle très claire est finement décorée avec des noms de musiciens dont ceux de notre cher Maître et du non moins cher Liszt. De nombreux dégagements, foyers avec bars et même salle de restaurant sont répartis un peu partout. 

Sous la direction du jeune chef Robin Ticciati, le prestigieux orchestre commença son programme consacré à la musique française par la Suite "Pelléas et Mélisande" de Gabriel Fauré. Nous attendions surtout la chanteuse qui devait interpréter "La mort de Cléopâtre" d'Hector Berlioz, morceau rarement joué que nous ne connaissions pas. Ce n'est pas lui qui nous permit de juger de l'accoustique de la salle ! La chanteuse, assez mauvaise, hurlait avec une voix rauque et gutturale qui mettait mal à l'aise. Nous avions en mémoire les artistes de la veille et ce chant était insupportable. Cependant nous nous sommes quand même demandé qui, de Berlioz ou de la pauvre interprète, en était responsable.... Le programme se termina avec les Valses nobles et sentimentales de Maurice Ravel et la Mer de Claude Debussy. Nous avons été un peu déçus par ce concert assez quelconque mais encore plus par l'atmosphère et par le public. Quand nous sommes entrés dans ce lieu exceptionnel, nous nous attendions à y rencontrer un public aussi un peu exceptionnel. Quelle déception de nous retrouver au milieu d'une foule peu soignée, se comportant comme dans une émission télévisée, tapant des mains sans retenue, se levant mal à propos pour applaudir... un public bien banal et bien ordinaire... C'était peut-être, ou même sûrement, un mauvais jour...

Le voyage se termine là. Un beau petit périple dans la capitale des Pays-Bas avec, en prime, une superbe représentation de Lohengrin.