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La vie wagnérienne
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9 décembre 2014

LES MAÎTRES CHANTEURS A KARLSRUHE

Si nous avions été enchantés par le Lohengrin d'Amsterdam, il n'en a pas été de même de ces Maîtres Chanteurs de Karlsruhe auxquels la poésie, la gaieté et la fraîcheur faisaient cruellement défaut.

D'abord nous nous sommes trouvés dans une salle à moitié vide ce qui, en général, est plutôt de mauvaise augure, mais nous voulions rester optimistes d'autant qu'un magnifique rideau de scène, sur lequel étaient reproduites de très nombreuses affiches annonçant des représentations des Maîtres Chanteurs, était du plus bel effet.

rideau de scène

Hélas, dès les premières mesures de l'Ouverture, le ton était donné : ce serait une représentation de routine, plutôt bruyante, sans délicatesse et ce fut bien le cas. L'orchestre jouait beaucoup trop fort, dans une salle à l'acoustique déjà dure et métallique, et couvrait souvent des chanteurs qui, de toute façon, n'étaient pas vraiment bons. En dehors du Pogner de Dominik Nekel, du Beckmesser de Armin Kolarczyk et du David d'Eleazar Rodriguez, tous trois très honorables, les autres n'étaient guère à la hauteur. Cela n'est pas très grave quand il s'agit des rôles secondaires, mais cela le devient quand il s'agit d'Eva, de Walther ou de Sachs. Christina Niessen était loin d'incarner une Eva enjouée, malicieuse, pleine de charme, et de fraîcheur. Volontairement transformée en une sorte d'aguicheuse, vêtue d'un jean ou au mieux d'une horrible robe grise, elle se fondait très bien dans une mise en scène d'un misérabilisme révoltant. Sa voix aux aigus criards s'accordait avec le décor, et à aucun moment  elle ne sut donner un peu de grâce et de noblesse au personnage. Daniel Kirch fut un Walther tout aussi désolant. Affublé d'une chemise à carreaux rouges et noirs qu'il ne quitta qu'à la fin du troisième acte, il n'avait pas vraiment l'allure d'un chevalier et les maîtres ont sans doute eu raison de demander à Pogner s'il était de noble lignée... Nerveux, violent, bousculant les chaises, jetant les papiers, les livres ou tout ce qu'il trouvait, il s'agitait l'air agacé et son chant n'était pas meilleur que son aspect : une voix au timbre sans aucun charme, sans puissance, bref une vilaine voix. Enfin nous attendions mieux du Sachs de Renatus Meszar. Mais, même s'il arriva parfois a donner un peu d'émotion à son chant, notamment dans son monologue du deuxième acte, sa voix manquait de puissance et de legato et il termina passablement fatigué. Quant à la mise en scène, vous l'avez compris, elle fut misérable. Un bric à brac dans lequel les gags les plus navrants se succédèrent avec, je tiens à le souligner, un sommet de mauvais goût au deuxième acte lorsque Eva et Walther, qui devraient normalement se cacher derrière un tilleul, se vautrent sur des sacs poubelles entassés, avalent un kebab tout en sirotant une bière tandis que Beckmesser tague la vitrine du cordonnier... On pensait que le final allait apporter un peu de fraîcheur mais il ne fut pas meilleur : pas de Festwiese, pas de défilé des corporations... une conclusion dans la même tonalité qui fait dire au spectateur "vivement la fin !" Et quand cette fin arrive, on a une seule envie : s'en aller au plus vite...

Les Maîtres 1

 

De gauche à droite : Walther, le chef Justin Brown et Sachs

 

Les Maîtres 3

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Maîtres 2

 

 

 

 

Pogner et Eva                                 

 

 

 

de gauche à droite : Sachs, Beckmesser et David

 Je dois cependant souligner un fait qui m'est apparu assez intéressant : Beckmesser était représenté, dans cette production, comme un fervent admirateur de Wagner et il entourait un buste du Maître des soins les plus attentifs. Il l'emportait quand il partait ou le plaçait sur un socle pour l'admirer. Ainsi dépeint, n'était-il pas la représentation d'un wagnérien étriqué et rétrograde ? Mais après avoir perdu le concours face à Walther, dépité, il casse le buste dans un geste de colère. Puis, reprenant ses esprits, il veut le recoller et en assemble les morceaux mais n'importe comment. Les morceaux sont donc réunis mais la forme finale ne ressemble à rien. Est-ce ainsi que les oeuvres de Wagner nous sont livrées aujourd'hui ? Dans une forme incompréhensible, qui n'a aucun sens ? Et cela signifie t-il que Wagner est à jamais cassé ? Ou bien Beckmesser ne serait-il pas l'image du metteur en scène "moderne" qui décortique et assemble les morceaux d'une oeuvre dont son inculture et sa fatuité l'empêche de reconnaître le sens profond ?

 

Heureusement, dehors il y a les marchés de Noël qui apportent un peu de lumière, de joie, de beauté et de rêve...

marché de Noël 3

 

marché de Noêl 2

 

 

 

 

 

 

 

 

marché de Noêl 1

 

 

 

 

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