NUL N'EST PROPHETE...

J'avais beaucoup de respect et de sympathie pour Wolfgang Wagner (1919 - 2010) qui veilla longtemps et avec de belles réussites à contrôler l'évolution du Festival de Bayreuth. Sentait-il venir l'inéluctable quand il écrivait dans le livre-programme de 1998 :

"...La conception de base aussi bien que la perspective d'avenir du Festival de Bayreuth sont claires et sans équivoque quant au contenu et à la structure... Le Festival n'est pas une scène expérimentale, mais bien une scène où l'expérimentation peut aussi trouver sa place, dans la mesure où elle dépasse le jeu par des moyens stylistiques et où elle touche à des déclarations immanentes à l'oeuvre. Il n'y a rien de commun entre la culture représentée par le Festival et la recherche essoufflée d'événements à sensation, en fin de compte éphémères, qui sévit à travers tout le pays, car ce sont au contraire deux choses diamétralement opposées. Quiconque est uniquement à la recherche d'un tel "événement" devrait éviter Bayreuth.

Nous tenons fermement à l'idée de Wagner du Festival, car c'est justement ce qu'il a apparemment d'inactuel qui lui confère sa grande et persistante efficacité. S'abtenant tout comme auparavant de s'adapter à l'étalage de splendeur extérieure de maints autres festivals internationaux et n'ayant nullement la volonté de se convertir à la superficialité de manières à la mode commercialisées, le Festival, bien qu'assez souvent blamé par les médias, jouit d'une énorme et constante approbation de la part du public venu du monde entier..."

Dix-sept ans après, on peut éprouver un certain malaise à lire ces lignes. Wolfgang s'était efforcé de ralentir un processus de déclin qu'il avait pourtant lui-même enclenché à l'instar de Wotan. Mais mieux vaut ne pas s'attarder davantage sur cette comparaison avec le dieu, car il faudrait forcément aborder la question du comportement de sa descendance.

Voici quelques clichés en hommage à cette grande figure de l'humanisme européen.