LES VOYAGEURS DE L'OR DU RHIN par LUC-HENRI ROGER

Pour évoquer le 150ème anniversaire de la création de L'Or du Rhin à Munich en 1869, le Cercle Richard Wagner-Lyon avait invité Luc-Henri Roger, auteur de l'ouvrage "Les voyageurs de l'Or du Rhin". La librairie Musicalame fut un cadre idéal pour cette présentation.

Dans son ouvrage, Luc-Henri Roger décrit l'extrême engouement des français dans les années 1860 pour les oeuvres de Richard Wagner. Nombreux furent donc ceux qui entreprirent un voyage à Munich pour assister à cette Première. Si à Paris le wagnérisme militant était si fort, on le devait essentiellement à Pasdeloup qui n'avait cessé de faire jouer des extraits d'oeuvre de Wagner et en cette année 1869, il avait également le projet de faire jouer Rienzi.

Les préparatifs pour faire représenter l'Or du Rhin à Munich avaient été ordonnés par le roi Louis II de Bavière sans le consentement du Maître. Ayant vendu les droits sur le Ring à Louis II, il était difficile au compositeur de s'opposer à cette création mais il y était profondément hostile. Il fut donc très attristé et préoccupé par les mauvaises conditions dans lesquelles son ouvrage fut mis en répétition.

C'est par l'intermédiaire de Judith Gautier, Catulle Mendès et Villiers de l'Iles-Adam qui faisaient office de chroniqueurs, que l'on peut suivre le déroulement des événements. A cette époque, Wagner résidait à Tribschen. Pour rencontrer le Maître, les trois amis avaient décidé de se rendre d'abord à Lucerne où ils séjournèrent à l'Hôtel du Lac, aujourd'hui disparu. C'est là qu'ils rencontrèrent Wagner qui les convia à Tribschen. Une amitié solide se noua entre Judith et Cosima, toutes deux affligées l'une par les tromperies de son mari avec Augusta Holmès et l'autre par son divorce. Les hommes restèrent plus distants. Judith Gautier et Catulle Mendès écrivirent beaucoup, témoignages extrêmement précieux de cette époque.

Après Lucerne, ils se rendirent à Munich pour cette Première. D'autres personnalités en firent autant comme Franz Liszt, Pauline Viardo, Tourgeniev, Maria Kalergis Muchanoff... A Munich se tenait simultanément un Salon International des Beaux Arts, on jouait de la musique dans des "Konzert-Cafés" et quelques personnalités fortunées organisaient des soirées mondaines. Tous attendaient avec impatience la Première de l'Or du Rhin.

Cependant, cette création donna beaucoup de tracas à l'Intendant du théâtre. Tout d'abord, compte tenu du nombre de musiciens, la fosse d'orchestre s'avèra trop petite et Louis II donna l'ordre de l'agrandir. Mais l'intendant était loin d'être un adepte de Wagner et n'entreprit pas grand chose pour faire avancer les travaux. La Générale fut reportée et bien qu'il y eut de très nombreux invités, on interdit aux artistes de se mettre en costumes pour cette Générale. Hans von Bülow démissionna et c'est Hans Richter qui fut chargé de le remplacer. Les chanteurs étaient excellents, notamment Franz Betz dans le rôle de Wotan. Si la représentation fut donc très réussie sur le plan musical, du point de vue scénique ce fut une véritable catastrophe car aucun décor n'était fini. Richter démissionna ainsi que tous les chanteurs masculins. Louis II était furieux. Tout cela fut bien sûr relaté dans la presse française. Louis II exigea cependant que la première ait lieu. On engagea un nouveau chef mais qui n'égalait ni Bülow ni Richter. On fit venir d'autres chanteurs... Entre temps, les journalistes français étaient repartis et ils ne firent pas de compte rendu de cette vraie Première. 

Voici, brièvement résumé, un aperçu de cette année 1869 et d'un événement que Louis II attendait comme un grand moment de bonheur et qui s'avéra n'être qu'une immense déception.

Luc-Henri Roger relata pour nous ces péripéties émaillées de nombreuses anecdotes. Une soirée passionnante où l'auteur a su créer tout en douceur et délicatesse une ambiance intimiste.

Nous tenons à remercier Luc-Henri Roger pour l'immense travail de recherches qu'il a effectué et que nous aurons plaisir à découvrir dans son ouvrage.