Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie wagnérienne
La vie wagnérienne
Publicité
La vie wagnérienne
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 113 223
27 septembre 2021

WAGNER ET LA REVOLUTION

 

Le Cercle Richard Wagner-Lyon ayant repris ses activités, les adhérents se sont retrouvés, en ce week-end des 25 et 26 septembre, à l’Hôtel Sofitel Lyon Bellecour pour deux journées consacrées à un thème percutant : « La Révolution de 1848 ».

Rev

 

Au programme, trois grands conférenciers : Jean Philippe Rey, Christophe Corbier et Dorian Astor.

Le premier conférencier, de ce samedi 25 septembre, fut l’historien Jean Philippe Rey,  qui disserta sur ce que l’on appelle : « Le printemps des peuples »

Rey

« Le printemps des peuples » est considéré comme une vague de révolutions allant de février à juillet 1848 suivie de répression jusqu’en 1849.

Ce qui caractérise cette vague révolutionnaire est sa simultanéité en Europe, sachant cependant que le phénomène a été différent dans chaque pays d’Europe. En outre, on peut dire qu’elle ne s’est pas déroulée uniquement durant les années 1848 et 1849, bien que ce furent les plus difficiles, mais que globalement elle s'est étendue de 1846 à 1854.

Le contexte en est une crise économique, due à une révolution industrielle, ayant entraîné  chômage, famine et mécontentement général. Toutefois, elle correspond également à une aspiration plus romantique de l’homme désireux d’être plus heureux.

Toutes ces révolutions ont été autonomes, même si le mouvement a débuté en France.

- En effet, la France est à l’origine de ce mouvement qui est dû à un malaise moral et social accompagné d’une crise économique et d’un scandale politico-financier.

L’évolution est extrêmement rapide avec des changements de régimes, la mise en place d’un suffrage universel. Ce mouvement libéral sera toutefois suivi d’un deuxième mouvement dans lequel le peuple réclame des avancées sociales.

- Après l'Autriche, dirigée par Meternich, l’agitation touche la Hongrie, se pose alors la question de l’égalité entre les peuples germaniques et non germaniques. 

- En Italie le mouvement se développe rapidement dans tout le pays. Les autrichiens sont chassés mais ils reprennent l’Italie et la répression est sévère. Cependant, le peuple italien réagit et revendique l’indépendance. Les chœurs de Verdi servent alors d’hymne national.

- L’Allemagne n’a pas une réelle identité politique mais est composée d’un ensemble de peuples parlant allemand. La Prusse se présente comme le leader capable de réunir ces différents pays allemands, et veut servir de guide. Les modérés proposent un programme basé sur l’unité et la liberté. En Allemagne, le monde paysan joue un rôle important, revendiquant par exemple le droit à la propriété. Beaucoup d’aménagements ont lieu partout sauf toutefois en Bavière. Cependant, la Prusse effrayée par ce désir de liberté matera chaque état qui l’a revendiquée.

Le soulèvement de Dresde des premiers jours de mai 1849 sera très violemment reprimé. Bien que conduit avec un idéal commun le printemps des peuples a finalement été un échec.

Une conférence de haut niveau, qui fut saluée par des applaudissements bien mérités à ce conférencier brillant, clair et tout à fait passionnant.

 

Après Jean Philippe Rey, le Cercle Richard Wagner accueillait Christophe Corbier, très brillant conférencier lui aussi, qui nous montra l’évolution de la pensée chez Wagner vis-à-vis de l'idée de révolution.

Corbier

Sa présentation se composait de trois parties, évoquant trois périodes successives de la vie de Wagner.

- La première partie était consacrée à l’année 1830 et à la Révolution de Juillet qui a provoqué un grand choc chez le jeune Wagner, éveillant sa conscience sur l’importance des faits historiques. C’est avant tout l’idée de liberté, et le besoin de lutter pour cette liberté, qui étaient, à l’époque, primordiaux pour lui. A la fois fasciné et réellement enthousiaste face à la révolution, il éprouvait cependant une aversion contre la réalité révolutionnaire et contre la terreur. Plus tard, en 1839, Wagner entretiendra des relations amicales, artistiques et politiques avec Kietz et Heinrich Heine, la communauté allemande étant très importante dans la capitale française où il se trouvait. Heinrich Laube, qui parlait de révolution politique mais aussi de révolution des mœurs avec liberté dans l’amour, influencera également Wagner et on retrouvera cette idée dans deux œuvres du compositeur : La Défense d’aimer et Tannhäuser. Christophe Corbier nous fit alors écouter Les Deux Grenadiers, un Lied écrit par Wagner sur un texte de Heinrich Heine, traduit en français, où l’on entend le thème de la Marseillaise. Dans ses écrits De la Musique allemande, Wagner considère que l’absence d’un gouvernement central en Allemagne, loin d’être une faiblesse, constitue une richesse. Pour lui, la vitalité et l’avenir de la musique doit se faire par l’union de la France et de l’Allemagne.

- La deuxième partie a été consacrée à la Révolution de Dresde de 1849 autour de la question : comment dissoudre l’Etat, idée que l’on retrouve dans son ouvrage Opéra et Drame. Il fait la connaissance d’Auguste Röckel. S’appuyant sur les écrits de Proudhon, Röckel réussit à gagner Wagner à ses idées révolutionnaires, et crée le journal Volksblätter dans lequel Richard écrira des articles, publiés anonymement, dans lesquels il dénoncera le règne de l’argent réclamant l’émancipation du peuple. Wagner fait aussi la connaissance du révolutionnaire Bakounine, il est fasciné par ce personnage. Après les événements meurtriers de Dresde, il est contraint de se réfugier en Suisse et éprouve une haine pour la civilisation. Chez Wagner apparaît l’idée que l’amour pourrait être la solution pour sauver le monde. Telle Antigone, Brunnhilde est celle qui sauve par amour.

- La troisième partie a été consacrée à la période de 1870-1871 caractérisée par la guerre franco-prussienne. Wagner s’interroge sur le bien-fondé de la dissolution de l’état à laquelle il aspirait des années auparavant. Chez lui, le discours est de plus en plus orienté vers l’esprit allemand, la culture allemande et d’ailleurs il écrit à l’époque Art allemand et Politique allemande. Pour lui, c’est par la réforme du théâtre que l’on arrivera à une société nouvelle et meilleure. Il a abandonné l’idée d’une union entre la France et l’Allemagne. Il écrira d’ailleurs une comédie, La Capitulation, dans laquelle il se moque de la France et de ses dirigeants.

Très belle conférence, difficile à synthétiser en quelques mots seulement mais, qui pour ceux qui n’étaient pas là, vous donnera, je l’espère, une idée de la richesse de cette intervention.

Astor

 

Dorian Astor avait été chargé de conclure ce week-end et il le fit brillamment

Laissant son habit de conférencier pour celui de conteur, il lut différents écrits de Wagner extraits de Ma Vie et de L'Art et la Révolution. Chaque lecture était entrecoupée par l'audition d'un morceau de musique de Wagner, mais aussi de Beethoven avec le final de la Neuvième Symphonie. On peut saluer le choix extrêmement judicieux, aussi bien des textes que de la musique, offrant un enchaînement logique et un spectacle d'une belle unité. 

Que dire de Dorian Astor sinon qu'il fut extraordinaire. Possédant une diction parfaite, le sens de l'interprétation, modulant son propos tant dans la force que dans le rythme, il nous offrit un grand moment de plaisir. De plus, il sut ajouter à sa lecture une profonde émotion qui permit à l'auditoire  de comprendre les propos de Wagner avec plus de profondeur.

La salle lui exprima ses remerciements par une longue ovation.

 

Ce fut un week-end où se cotoyèrent histoire, littérature, poésie et musique. Un superbe moment dont il faut remercier notre président Pascal Bouteldja qui fut enfin récompensé de toutes les difficultés d'organisation auxquelles il dut faire face durant cette dernière année.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité