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La vie wagnérienne
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1 décembre 2013

TANNHÄUSER EN FRANCAIS

UN TANNHÄUSER INSOLITE

 

Ce samedi 30 novembre, en commémoration du bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, l'Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand, fermé pour travaux depuis 2007 et qui a rouvert ses portes au mois de septembre, invitait le public à venir écouter une version très particulière et très instructive de Tannhäuser. Dans le cadre de son programme intitulé "Opéra Passion" qui propose des raretés, figurait en effet le Tannhäuser de Richard Wagner dans la version française de Charles Nuitter avec accompagnement pour piano à quatre mains signé Hans de Bülow et Etienne Guiraud. Il s'agissait d'une version de concert, chantée par des chanteurs français.

 Voilà un événement qui valait bien un déplacement dans cette belle région du Puy de Dôme ! La dernière représentation de Tannhäuser en français eut lieu à l'Opéra de Paris en 1957 (avec notamment Régine Crespin et Ernest Blanc) et il fallut attendre 1959 pour que l'Opéra de Paris programme cet ouvrage en langue originale.

Il faut préciser que tous ces artistes ont travaillé pour une seule représentation et saluer cette performance.

La scène était aménagée avec le piano au centre, le siège du chef d'orchestre juste au niveau du piano et de part et d'autre les pupitres destinés aux chanteurs. Au fond de la scène se tenaient les choristes qui, lorsqu'ils ne chantaient pas, étaient dissimulés par un rideau.

La scène du Théâtre

Il faut souligner en tout premier lieu la performance des deux pianistes Daniel Navia et Philippe Marty, deux artistes de grand talent, qui réussirent un véritable tour de force notamment dans l'interprétation du Prélude et de la Bacchanale. 

Les deux pianistes

En ce qui concerne les chanteurs, s'ils n'étaient pas de tout premier ordre, ils furent très honorables. Les choristes, en revanche, à forte majorité féminine (donc des pélerines plus que des pelerins !) n'arrivèrent malheureusement pas à donner à leur chant la force et l'émotion attendues.

Le premier acte fut assez bon mais il fallut un certain temps à l'auditeur pour s'habituer aux consonances françaises du chant. Pour qui connaît un tant soit peu le texte allemand, le texte français paraissait beaucoup plus pâle et mièvre et l'action dramatique s'en ressentait. Le respect des "pieds" en passant d'une langue à l'autre ne suffisait pas : les intonations, les accents toniques, certains sons typiquement français, semblaient modifier le rythme et la poésie du texte. Il fallut arriver à se familiariser avec notre langue ce qui n'eut lieu qu'après le duo Tannhäuser Vénus.

Tannhäuser

 

Jean-Noël Briend, interprète du rôle titre, chanteur chevronné et solide, fut assez à l'aise. Mais sa voix, un peu monocorde et peu émotive, n'arriva pas à exprimer ses sentiments comme on l'attendait notamment dans le retour de Rome. 

Venus, Wolfram et le Landgrave

Muriel Ferraro n'imprégna pas le rôle de Venus d'une grande sensualité mais la voix était belle. En revanche, la voix du petit pâtre d'Angélique Pourreyron nous surprit agréablement par sa délicatesse, son timbre frais et clair et sa justesse qui s'accordaient parfaitement au personnage.

Quatre des Minnesänger

 Les Minnesänger formaient un ensemble homogène et l'on a pu apprécier la très belle voix de Biterolf (Ronan Airault, à gauche de la photo centrale).

Renaud Delaigue ( à droite de la photo de droite) a une belle voix de basse au beau timbre très expressif qui convenait très bien au Landgrave Hermann mais ce beau chanteur manque malheureusement de technique. Il s'essoufle vite, ne tient pas ses notes et c'est grand dommage compte tenu de la qualité de son timbre.

Elisabeth

Le deuxième acte ne fut pas bon et Cécile Perrin, qui nous avait pourtant donné une toute autre perception de son art en d'autres circonstances, en fut très certainement responsable. Son air d'entrée, plus hurlé que chanté laissa une impression assez désagréable. Sa voix paraissait fatiguée, sèche, comme voilée et on pouvait se demander si la chanteuse, souffrante, était obligée de crier pour sortir ses aigüs. Elle eut pourtant quelques belles notes en demi-teinte qui rendirent encore plus insupportables ses hurlements.

Il en résultat une fin d'acte assez décevante, sans émotion avec des choeurs inexistants.
Enfin, pour clôturer nos regrets et pour des raisons que nous ignorons, le grand discours du Landgrave fut supprimé. Un acte en définitive très neutre et plutôt décevant.

Wolfram et Tannhäuser

 

 

 

 

 

Le troisième acte fut meilleur. Cecile Perrin arriva a donner à sa prière un peu plus de douceur.

 

Le Wolfram de Marc Labonnette (à gauche sur la photo ci-contre) que tout le monde attendait dans la "Romance à l'étoile" ne démérita pas. C'est un bon chanteur, sans beaucoup de nuances, qui ne fait pas beaucoup dans la douceur, mais qui fit un très bon Wolfram.

Il reste à mentionner le chef d'orchestre, Amaury du Closel, dont le rôle fut plus celui d'un coordinateur que d'un véritable chef.

 

Alors que retenir de cette soirée et de ce Tannhäuser.

D'abord ce fut une expérience, puisque c'était la première fois que nous pouvions entendre cette oeuvre en français, ce qui nous permit de mieux comprendre pourquoi une oeuvre doit être interprétée dans la langue originale plutôt que dans une traduction, quelle qu'elle soit.

Nuançons cependant ce jugement pour ne pas dénigrer la ferveur que connut autrefois Wagner chanté en français. A cette époque il y avait une pratique régulière de ce type d'interprétation, des professeurs, des chefs d'orchestre et des chanteurs qui formèrent une réelle tradition. Mais cela s'est perdu à tout jamais très probablement. Alors merci à cette équipe pour cet effort très méritoire et ... sans lendemain.

 

 

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