LA MINUTE DU 5 DECEMBRE
LA MINUTE DE MONSIEUR WAGNER
Rossini voulait vivre, et pour y parvenir, il comprit fort bien qu'il devait vivre avec ceux qui avaient des oreilles pour l'entendre. Lorsque la mélodie absolue se fut révélée à lui comme la seule chose vivante dans l'opéra, il n'eut donc besoin que de réfléchir sur l'espèce de mélodie qu'il lui faudrait faire vibrer pour être écouté. Il ne jeta pas un coup d'oeil sur le pédantesque fatras des partitions ; il écouta là où le peuple chantait sans musique, et ce qu'il entendit, ce fut de tout l'appareil de l'opéra, ce que retint inconsciemment son oreille, la mélodie simple, agréable à l'oreille, absolument mélodique, c'est-à-dire la mélodie qui n'était que mélodie et rien autre chose ; qui pénètre dans les oreilles, on ne sait pourquoi ; qu'on chante, on ne sait pourquoi ; qu'on remplace aujourd'hui par celle d'hier et qu'on oubliera demain, toujours sans savoir pourquoi ; qui résonne mélancoliquement quand nous sommes gais, qui résonne gaiement quand nous sommes de mauvaise humeur, et que nous chantons cependant, toujours sans savoir pourquoi.
Suite de ce texte demain...
...bis morgen !